J’ai osé… redouter mon émotivité

Mon objectif premier pour cette année, je l’ai posé: renouer avec le monde du travail et accepter l’émotivité associée. Je souhaite en effet me confronter à toutes mes angoisses qui apparaissent avec la simple idée de travailler. Sans médicament, sans tricher. Juste montrer qui je suis vraiment. Et plus que de m’y confronter, j’ai l’espoir de les dépasser.

 

On y est. J’ai intégré le 3 avril dernier une formation dans le cadre de ma reconversion. Mon choix s’est porté sur l’aide a la personne. Nouveau métier, totalement dissocié de tout ce que j’ai pu pratiquer. Ou comment sortir de ma zone de confort, et me mettre en insécurité !

 

Je n’ai pas encore de points de repères, pas d’habitudes sur lesquelles m’appuyer. Tout est neuf. L’organisation de ma vie de famille, de mes journées. Je dois constamment m’adapter et trouver le moyen de me rassurer. Je fais avec mon émotivité. Manger en groupe, utiliser mes mains ou parler en public… Que de challenges à relever ! Je suis comme sous tension… et ce tout au long de la journée. Que va t il se passer ? Vais je finir par craquer ?

 

Et pour ne rien arranger, je ressens cette culpabilité, de laisser mon fils à garder… Je sais qu’a choisir, il aurait préféré passer ses vacances en famille plutôt qu’autre centre de loisirs…

 

J’ai peur de ne pas y arriver. Plus exactement j’ai peur de montrer ce qui m’arrive quand je me sens totalement dépassée. D’un coté j’ai bien conscience que les autres ne vont pas se moquer ou m’humilier. Mais de l’autre, je ne peux pas faire comme si cela ne pouvait pas arriver. Je sais ce que c’est. J’ai peur de trembler, de bafouiller, de voir dans les yeux des autres, leur inquiétude ou pire leur pitié. Oui je crois que c’est ce regard là que je veux éviter. Ce regard que j’ai bien trop souvent croisé, quand petite, j’annonçais que ma maman était décédée…

 

Je ne veux pas être réduite a cela. J’ai bien plus a montrer. Je ne veux pas que l’on se souvienne de moi comme de la fille qui a craqué… Alors j’essaie de me dépasser. De garder mon sang froid tout en avouant mon émotivité. Et ça, pour moi, déjà, c’est un véritable progrès. Je ne joue plus les gros bras et avoue ne pas tout maitriser. Et pour l’instant, tout s’est bien passé. J’ai même réussi a déjeuner avec l’équipe bien que ma peur me tenait le bide.

 

Biensûr les médicaments m’ont aidée. Je n’ai pas su faire sans, les 2 premières journées. Tremblement, peurs disproportionnées. Impossible de me calmer. Mais depuis, je fais sans eux et je survie. Oui c’est le mot. Pour être crue, j’en chie.

 

J’essaye de m’écouter et de prendre soin de moi. Besoin de m’isoler ? Alors je vais seule au soleil, déjeuner. Besoin de compagnie ? Je papote avec l’équipe, je ris. Besoin de me ressourcer ? Je me pose dehors, et me concentre sur le bruit des oiseaux que j’entends. Ma façon a moi de m’évader. J’essaye de ne pas m’oublier et pense a chaque moyen qui me permettra de déstresser.

 

Je suis face a tout ce que je redoute et en même temps qui me fera avancer. Pas facile ! J’essaie de vivre avec ma fragilité… Je sais d’ores et déjà que vu mon état, je vais finir par craquer… je sens l’étau se resserrer… mais c’est peut être ça qui doit arriver… Plus que d’en parler, montrer mon émotivité… Il n’y a qu’en le vivant, que je sortirais de cette croyance, qu’en laissant voir mes émotions, je serais rejetée. Et peut être même que je finirais par penser que grâce a cela, je serais meilleure dans mon métier.

J’ai osé… redouter mon émotivité

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