Reconversion – Il y a de cela bientôt 3 mois, Julie, du blog Mon chemin Heureux, revenait vers moi. Nous avions eu l’occasion d’échanger par le passé dans le cadre de nos carnavals d’articles respectifs. Pour mon plus grand plaisir, elle avait rédigé un billet sur le thème « Si je n’avais pas peur » que j’avais proposé. Et moi, de mon côté, un article sur « Ces livres qui influencent encore ma vie » pour répondre à son invitation. Et quelle belle rencontre ! Alors pour poursuivre le plaisir de cet échange, et parce que Julie fait partie de ces personnes qui se sont reconverties, elle a accepté de répondre à quelques-unes de mes questions. Voici son parcours de vie :
Peux-tu présenter la femme que tu es aujourd’hui ?
Bonjour. Je suis Julie Victor. Je suis banquier privé dans un établissement financier à temps plein et auteur du blog Mon-chemin-heureux.com dans lequel je partage mes astuces pour apprendre le bonheur (Oui, cela s’apprend et oui, ces deux activités n’ont absolument rien en commun !). Je suis aussi une maman solo de deux » moyens » de 6 et 8 ans (ils ne veulent plus que je dise qu’ils sont petits…).
La femme que je suis aujourd’hui, elle est en devenir, elle progresse et gagne en confiance en elle. Elle a du chemin à parcourir, mais elle essaie surtout de se souvenir qu’elle a déjà parcouru beaucoup.
Que peux-tu partager sur ton parcours de vie ?
Enfant timide et très réservée, j’ai du mal à me faire des amis, à prendre part à des conversations lorsque je me retrouve en groupe. Les exposés en classe sont pour moi une véritable torture. Je ne suis pas l’amie des chiffres, mais beaucoup plus des lettres, mais l’on m’explique gentiment que ce n’est pas avec les lettres que l’on gagne sa vie. Je renonce alors à mon double rêve de devenir un architecte écrivain. Plus tard, je choisis un cursus par défaut et je termine mes études en droit. J’accepte la première proposition d’emploi qui s’offre à moi, parce qu’un CDI paraît-il que cela ne se refuse pas !
Aux alentours de 30 ans, je me sens de plus en plus frustrée, de ne jamais oser, d’être aussi réservée. J’occupais alors une fonction de juriste. Après 10 ans de poste, j’ai voulu me mettre au défi de changer de métier et de devenir commerciale pour oser prendre la parole et m’affirmer. Tant qu’à faire, je choisis un parcours financier alors même que je n’ai jamais eu plus de 7/20 en maths depuis la classe de CM1. Personne n’y croit et surtout » On ne m’y voit pas » comme le disait la chargée des ressources humaines. C’est sûr, mes dossiers poussiéreux de contentieux m’allaient comme un gant et surtout, ils me rendaient invisible… Et le pire, c’est que je réussis ! Je réussis dans cette nouvelle voie, je réussis les concours d’entrée à l’école, je réussis la formation, je réussi à concilier vie familiale, vie professionnelle et mes études, je décroche plusieurs propositions d’emploi, je réussis dans le poste !
Avez-vous déjà entendu parler ces personnes qui disent » Je m’éclate dans ce que je fais ! « . Eh bien, maintenant, je pouvais le dire aussi ! Quel formidable métier que celui d’être commercial. Vous apprenez à vous dépasser et à vous challenger ! Je trouve une vocation dans le contact humain et les relations avec les autres. Je suis plus confiante, je fais de belles rencontres et de belles réussites. Je ne suis pas obligée d’être réservée, je peux dire des choses intéressantes et différentes. A contrario, si je constate que j’ose m’affirmer plus dans ma vie professionnelle, je constate qu’il n’en n’est rien au niveau personnel. Je fais le triste constat de la prison dans laquelle je me suis enfermée à force de penser que je ne méritais pas mieux. En apparence une belle maison avec un beau jardin, un couple qui gagne bien sa vie et deux enfants, le choix du roi. En intimité, de la dévalorisation, de la violence ordinaire, et de la violence extraordinaire…
Quel fut le déclic pour amorcer ton changement de vie ?
Un jour l’inacceptable se produit dans ma vie de famille et un déclic s’opère en moi. J’avais bien fait mentir toutes ces idées reçues sur le plan professionnel alors je comprends que je ne suis pas obligée de subir sur le plan personnel. Je quitte le foyer en urgence avec deux robes, une paire de bottines et mes deux enfants, deux crédits immobiliers et une période d’essai sur le dos. C’est difficile, très difficile, car vos choix font surgir de nouvelles difficultés dont vous n’aviez pas idée. A cela, s’ajoute le deuil de personnes parties trop tôt. Mais lorsque vous savez que le plus dur est fait. Vous avez déjà fait ce que vous ne pensiez jamais pouvoir faire. Vous savez, finalement, que maintenant que tout est possible, que tout ne sera pas parfait, mais que ce sera déjà bien mieux qu’avant.
Je dirais donc qu’il y a eu trois déclics, chacun étant la conséquence du précédent.Le premier est la reprise de mes études et ma reconversion professionnelle, je découvre que je peux réaliser et réussir des choses qui me paraissaient inenvisageables. Cela a entraîné un second déclic : la fin de mon mariage. Le troisième déclic se produit lorsque je me rends compte de tout ce que j’ai déjà accompli tant au niveau personnel que professionnel. Tout n’est pas parfait, mais j’ose maintenant imaginer des solutions qui sortent des sentiers battus. J’envisage des choses auxquelles je n’avais jamais osé penser, des idées que j’avais mises de côté ou abandonnées. J’ose aujourd’hui faire le projet de me remettre à écrire et d’en vivre au travers de Mon chemin heureux. Disons que c’est en cours, mais je garde grand espoir de voir ce projet se réaliser à moyen terme. Je me rends compte avec le recul que j’ai gagné en confiance en moi, que ce projet n’est pas si fou, car je n’utiliserais finalement que mes points forts : l’esprit de conquête du commercial, l’écriture, et mon côté créatif. Ces épreuves que j’ai vécues seront mes forces. Finalement, après chaque grande décision, vous vous sentez chaque fois plus fort.
Quel bilan dresses-tu aujourd’hui de ta reconversion professionnelle ?
Ma reconversion professionnelle a été l’élément fondamental dans le chemin que j’ai parcouru. J’ai gagné en confiance en moi. On peut donc être timide et réservée et une excellente commerciale. On peut être mauvais en mathématiques et réussir un master de finance. On peut oser croire que l’on va vivre de ses écrits. On arrête de croire à l’idée que les autres ont de nous et on commence à croire en nous. Mais surtout, ma reconversion professionnelle a été l’élément déclencheur de grands choix sur le plan personnel. Sans cette reconversion dans ma vie professionnelle, je continuerais à accepter tant de choses inacceptables sur le plan personnel. En d’autres termes, je dirais que ma reconversion professionnelle a décidément changé ma vie, tant sur le plan professionnel et que personnel.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à une personne envisageant une reconversion ?
Capitalisez sur vos points forts, ceux qui ne se retrouvent pas forcément dans votre CV, mais qui se trouvent en vous. Ces traits de caractère qui font que vous êtes vous. Souvent, et je suis passée par là, après dix ans ou plus sur un même poste, on n’est perdu, on n’a l’impression de n’être bon à rien d’autre que notre poste actuel, on n’a aucune idée de ce que l’on vaut. Mais vous ne devez pas vous fonder sur vos seules réalisations professionnelles pour déterminer si vous pouvez ou non réussir sur un poste ou un autre. Votre vécu et votre expérience comptent tout autant, car ils font de vous qui vous êtes et donnent le ton de ce que vous êtes capable d’accomplir.
Pensez et réfléchissez au meilleur chemin pour vous de parvenir à votre but. Rien n’est inaccessible au fond. Parfois, un projet semble insurmontable jusqu’à temps que vous le séquenciez en petits projets, en petits objectifs. Et surtout ayez confiance en vous ! Personne ne sait mieux que vous ce pour quoi vous êtes fait. Ayez confiance en votre jugement et faites-vous exclusivement confiance pour les questions qui vous concerne. Ne laissez pas les autres décider pour vous de ce que vous voulez devenir de ce que vous pouvez occuper comme emploi.
Un dernier message pour les personnes qui te lisent ?
À près de 40 ans, je sais maintenant de quoi je suis faite, je sais ce que j’aime et de quoi je suis capable. Mais surtout, je ne me fixe aucune limite dans les projets que j’ai envie de réaliser. Donc, en guise de dernier message, je dirais : ne vous fixez aucune limite. Aller déterrer tous ces vieux rêves un peu fous et voyez ce que vous pouvez faire ! Il y a bien souvent quelque chose à faire …
À nouveau, merci Julie pour ce très beau témoignage. Quel parcours ! Quelle reconversion ! Je suis pleine d’admiration. Merci beaucoup pour ta transparence, ton authenticité et cette énergie si positive que tu transmets. Bon cheminement à toi et plein de succès à ton blog !
Waouh!
Déjà parce que je me retrouve beaucoup dans le parcours de Julie à de multiples niveaux et parce que c’est fou ce qu’on peut réaliser comme choses quand on prend – enfin – conscience de sa valeur!!
Superbe témoignage, et merci à vous deux pour ce partage.
Merci beaucoup Marie Oui, son témoignage m’a également énormément touchée. Je lui transmets ton partage 🙂 Bises
Des énormes mercis pour vos retours. J’espère avec ce témoignage que nous serons beaucoup à comprendre que finalement tout est possible, finalement les seules limites que nous avons sont celles que nous nous infligeons à nous même. Merci à vous deux, merci à toi Emeline de m’avoir laissé m’exprimer ici.
🙏🌟❤️