Valoriser ses émotions. C’est un échange avec une amie proche qui m’inspire ce billet. Il y a peu, elle me confie avoir vécu difficilement un échange. Elle me partage, que pour elle, la discussion était violente, les mots de son interlocuteur irrespectueux. Le calme revenu, elle a pu en rediscuter avec cette personne. Étonnement pour elle, il n’avait en rien vécu la même situation. Leurs réalités s’opposaient. Chaque individu, affirmant, bec et ongles, ses émotions, elle a fini par se remettre en question… Qui a tort ? Qui a raison ? Je vais mettre fin rapidement au suspense : personne ! Oui chaque ressenti a sa raison d’être, chaque émotion est individuelle. Avec le temps, je l’ai appris, parfois à mes dépens.
Ne pas valoriser ses émotions
J’ai longtemps été persuadée qu’il y avait une échelle universelle des émotions. Que tout à chacun, lorsqu’il se disait triste, joyeux ou apeuré, ressentait cela au même degré. Qu’une émotion était en quelque sorte mesurable et pouvait être rationalisée. Qu’il s’agissait d’un concept commun à tous, et que nous avions face à elle, la même capacité, à y répondre. Combien de fois ai-je entendu « Mais tu sais, moi aussi, et même tout le monde, a peur dans cette situation ! ». Et je ne comprenais pas. Pourquoi les autres, qui, donc, avaient peur comme moi, arrivaient à surmonter telle ou telle situation, dans laquelle, moi, je me retrouvais bloquée ? Qu’est-ce qui faisait, que moi, face à tel ou tel évènement, j’étais dans une totale incapacité ? Avec le sentiment d’être débordée ?
Pendant longtemps, pour faire face à elles, j’ai utilisé la raison. Et quelle galère ! Valoriser ses émotions ? Jamais ! J’ai tout essayé, sauf de les écouter. J’ai fait en sorte de me convaincre que j’étais comme tout le monde. Je me suis détruite. À penser que si, moi, je n’y arrivais pas, c’est que j’étais une moins-que-rien. Je me suis dévalorisée, attaquée. Convaincue de pouvoir avoir un quelconque contrôle, je me suis battue, intérieurement, pour les amoindrir, voir les éviter. Violente avec moi-même, dans l’irrespect le plus total, j’ai voulu faire taire toute la vie en moi. Jusqu’à totalement perdre espoir…
Intégrer la subjectivité
Et puis petit à petit, par mon accompagnement en Gestalt, j’ai compris. Un mot a été posé : hypersensibilité. D’abord pas facile à accepter, j’ai fini par m’habituer à cette part qui fait ce que je suis. Et tous les jours, je suis surprise de constater, combien, dans la notion d’émotion, la part de subjectivité est importante. Dans mon cas, très souvent, je vais être amenée à ressentir plus fortement, la peur, la tristesse, la joie, la surprise, la colère ou encore le dégoût. Là, ou d’autres, qui peut-être vont y avoir été confrontés différemment, vont réagir tout à fait autrement. J’ai lâché cette idée de normalité. J’ai arrêté de penser que ce sont les autres qui étaient dans le vrai. Pourquoi eux auraient raison et moi je n’aurais rien compris à la situation ? J’apprends. Valoriser ses émotions, c’est reconnaître sa propre existence.
Oui, pour moi, il s’agit bien de cela. Car en reconnaissant son inquiétude, sa honte ou encore son excitation, c’est mettre en lumière toute la vie que l’on a en soi. C’est montrer son humanité. Mais aussi respecter la personne que l’on est. Bien sûr, il y a une base commune à chacun de ses ressentis. Mais leur intensité, leur force, leur valeur, sont toutes différentes, et ont chacune leur importance. Il n’y a pas Une vérité. Chaque être ressent selon sa propre échelle. Certains y ont également plus accès que d’autres. Totalement coupés de ce que leur communique leur corps. L’injonction « N’aie pas peur ! » n’a aucun sens pour moi ! Comme si on n’y pouvait quelque chose…
Valoriser ses émotions
Un autre exemple très concret est la notion de violence. J’apprends à accepter mon bas niveau de résistance. Là ou certaines personnes sont habituées aux cris, aux insultes, aux réparties cinglantes, je suis totalement pétrie. De peur, d’angoisse. La violence me fige. Je ne parle pas de gestes. Les seuls mots suffisent. Même par écrit. Si je regarde le dictionnaire, Larousse me dit que la violence se définit comme « Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, brutale et souvent destructrice ». Les mots pour décrire la violence font peur, et sont forts. Je ne me permettais donc pas de poser ce mot, malgré mon ressenti, sur une situation vécue comme anecdotique par d’autres. Mais aujourd’hui, j’essaye de ne pas me juger.
En apprenant toujours à me connaître, je saisis de plus en plus, quelle émotion me traverse. Et j’ai moins peur de dire : « … mais pour moi, c’est violent. » Ma sensibilité fait partie de moi, et s’est forgée avec mon expérience de vie. Pour avoir eu la chance de ne pas y être confrontée sous cette forme très souvent dans mon enfance, la violence des mots, le volume sonore, a un réel impact sur ce que je vis. Cela ne fait pas partie de mon mode de communication. Face à elle, je me sens désarmée et je ne comprends pas. J’essaye de ne pas me juger pour cela. Et essaye de comprendre, ce qui se passe chez l’autre, lorsqu’elle apparaît. Avec respect.
La force des émotions
Valoriser ses émotions, c’est accueillir ce qui se vit en soi, pour être dans l’authenticité avec l’autre. Je n’ai plus de doute à ce sujet. Moi qui trop longtemps ai eu le sentiment de mentir, de me cacher sous une carapace, c’est parce que je les ai écoutées, que je me sens aujourd’hui totalement honnête. Tant pis, si mon ressenti n’est pas compris ou jugé. Si je passe pour une ultra-sensible. Je sais que je ne suis pas seule. Et que cette particularité est partagée par bon nombre d’entre nous. C’est une force pour accompagner. Dans mon activité de coaching, c’est un véritable atout. Aujourd’hui, je suis fière de les communiquer. Cela signifie que moi, contrairement à d’autres, je me connais. En les partageant, je donne, certes, accès à ma vulnérabilité. Mais je laisse aussi passé le bon, le vrai.
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Qu’est ce que c’est bon de lire tes mots, tes phrases… Ils sont tellement permissifs, ils donnent le droit d’être qui je suis… Ils sont simples, clairs et je les saisis un à un, ils me parlent… Ils ouvrent des horizons plaisants, savoureux et respectueux… Merci pour ce que tu mets de toi dans chacun des mots que tu choisis et que tu offres au lecteur… C’est un régal
<3 Tant d'amour en si peu de mots :) Merci M. :) Je t'embrasse fort
Bonjour,
Aujourd’hui, en rebondissant de blog en blog, me voici par hasard chez vous. Et quel heureux hasard ! Je vais prendre le temps de découvrir vos articles et votre activité car tout cela me parle beaucoup et éveille quelque chose en moi.
J’ai été particulièrement touchée par cet article qui fait écho à une démarche personnelle. Je me retrouve dans vos mots, particulièrement sur la violence avec laquelle on peut recevoir les propos et les émotions des autres. J’y ai moi-même consacré un article intitulé « Âmes sensibles, ne pas s’abstenir » sur mon blog (que j’ai enfin osé ouvrir il y a quelques mois ;-)). Si le cœur vous en dit, ça se passe par ici : http://www.feteladifference.com/ames-sensibles-ne-pas-sabstenir/
Merci tout simplement. Au plaisir de vous lire.
Aude
Merci Aude pour ton partage 🙂 Je ne crois pas beaucoup au hasard 😉 A bientôt ici ou sur ton blog 🙂
Je n’ai pas commenté cet article à sa lecture. Mais cela fait la deuxième fois que je viens le rechercher pour le partager : il exprime ce que j’aurai pu écrire si je m’étais posée la question.
Et je me rends compte que cet article est une pierre qui me permet de mieux assumer mes émotions, sans les repousser. Alors merci.
Oh, ton commentaire me touche beaucoup ! Merci 🙂 Vraiment heureuse que mes mots fassent échos. Prends soin de toi Bises