Je me sens féministe dans l’âme. Non que je brandisse des pancartes, que je rejette toute idée masculine, mais je défends l’égalité homme-femme. Je suis choquée par ces agissements machistes, ces paroles déplacées, le non-respect ou l’injustice. Je fais partie de ces trop nombreuses femmes qui ont eu à subir un outrage sexiste. Ce délit, encore à l’étude, qui vise à condamner ces faits entre séduction et agression sexuelle ou injure publique.
Je suis incapable de me prononcer sur le bien-fondé ou non de la création d’un telle condamnation. Je sais cependant qu’elle a le mérite de dénoncer et sanctionner cette violence faite aux femmes. Je doute que dans les faits, un homme aujourd’hui soit condamné pour harcèlement de rue. Mais je suis convaincue que de telle réflexion, contribue à diminuer le seuil de tolérance au sexisme. Quoiqu’il en soit, à travers cet article je souhaite vous partager mon expérience, pour que ces faits ne soient pas mis de côté ou amoindris. Car plus lourd que l’acte en lui-même à supporter, c’est le silence et l’indifférence associés.
Quel âge j’ai exactement ? 14, 15 ou peut-être 16 ans. Je suis en vacances au ski en famille. Nous sommes sur les pistes. Comme très souvent lorsqu’il y a du monde, je me retrouve assise, dans un télésiège, avec ma cousine, à côté d’un inconnu. Un homme d’une quarantaine d’années, en monoski. Il commence à me parler. De simples politesses, il en est venu a des propos sexistes. L’une de ses phrases m’a marquée : « Avec cette bouche, tu dois super bien sucer »… Je n’ai pas répondu. Il a enchainé. Des mots vicieux, crus, abjects, totalement déplacés. Ce moment m’a semblée une éternité. Je voyais les poteaux défilés. Je scrutais l’arrivée. Nous étions coincées, ma cousine et moi, dans ce télésiège, avec un obsédé. Nous avons fini par descendre et ce détraqué s’est empressé de dévaler la piste.
La définition même d’un outrage sexiste : évènement survenu dans un lieu publique sans aucun contact physique. Simplement des mots qui ont fait de moi une chose. La situation ne s’est pas répétée. Je n’ai jamais recroisé mon bourreau. Des mots à connotation sexuelle. Dégradants, humiliants. Moi en victime mineure, impuissante, dans une situation plus qu’intimidante.
Cet évènement m’a marquée. Mais ce qui me fait sortir de mes gonds, c’est l’entourage, sa réaction ou plutôt non réaction. Comme une acceptation de l’insupportable. Une façon de dire « c’est ainsi », « ainsi va la vie ». Je suis écœurée que cet outrage sexiste n’est pas relevé plus d’indignation. J’ai le sentiment qu’ils en ont un peu parlé, comme du cancan de la journée. Mais sans aucune révolte. Une seule femme a été, à mon sens, à la hauteur de la situation. Elle s’est mise à jurer et a voulu le rattraper. En colère, choquée. Aujourd’hui je peux lui dire merci. Je sais, grâce à elle, qu’une telle situation est inadmissible. J’espère, que la création de ce nouveau délit, fera que demain, tous réagiront. Un tel évènement est un délit, et a aujourd’hui un nom.
🙂 Cet article a fait parti de la sélection Inspilia le jour de sa parution 🙂
Le pire en effet c’est le silence. Des autres.
Le pire c’est toujours le silence. C’est pour ça qu’il faut parler, dénoncer. Il faut qu’on entende les voix des femmes victimes.
C’est inadmissible. Et on veut nous faire croire que c’est normal. Du coup les victimes ne savent plus où se situer.
Merci pour ton partage
Et merci a toi pour ce commentaire qui fait du bien Oui je souhaite que les femmes parlent et que leurs écoutant réagissent Merci Marie 🙂
AAAAH en effet, on en a chacune un petite musette remplie de ces histoires qui nous ont traumatisé, de types qui abusent de leur situation de pouvoir, etc… Quel enfer.
Oui c’est tellement triste que l’on soit si nombreuses… Merci pour ton passage par ici <3