Arrêter les médicaments. Cela fait maintenant presque 10 ans que je prends chaque jour des médicaments. 10 ans que j’ingurgite anxiolytique (médicament prescrit dans le cadre d’angoisse) et bêtabloquant (médicament permettant de ralentir le rythme cardiaque lors de crise d’angoisse). En fait je prends des médicaments depuis j’ai commencé à travailler…
Pourquoi les médicaments ?
Ils m’ont été prescrits par un pédopsychiatre parisien. Ils sont devenus indispensables. Je n’imagine pas une journée de travail sans. Je deviens persuadée que sans eux je ne suis pas capable. J’ai toujours peur et j’appréhende encore beaucoup certaines situations. Mais lorsque je les vis, avec eux, cela ne se voit pas. Ils sont ma carapace. Pourtant si petits, ils me protègent de moi. Ils me permettent de contenir, de garder le contrôle sur moi, mon corps, mes émotions. Oui ils m’aident. Ils m’aident à continuer à me mentir à moi même, à mentir aux autres. Et surtout petit à petit ils me pourrissent la santé. Le plus dur c’est qu’ils ne pourrissent pas que la mienne. Ils auraient pu impacter aussi celle du bébé que j’ai porté. Oui car malgré mon amour pour cet être à naitre, je ne sais pas faire sans eux. Quelle culpabilité…
Ils rythment ma vie et mes choix. Personne au travail ne le sait. Seules quelques personnes de mon entourage. Mais voila, les médicaments ne sont qu’une béquille. Ils ne guérissent pas. J’ai besoin de me sentir mieux. Je ne supporte plus mes angoisses. J’en ai marre de vivre comme ça. Je ne veux plus être le fantôme de moi même. La décision est prise j’arrête de travailler (voir J’ai osé quitter un cdi) et je vis sans médicament.
Arrêter les médicaments
Après consultation chez mon médecin généraliste, aucune contre indication pour arrêter du jour au lendemain les médicaments. C’est ce que je fais le premier jour qui suit la fin de mon contrat. Je continue seulement à prendre de la phytothérapie (médicament à base de plantes). Mon corps ne réagit pas plus que ça. Tout est dans ma tête. Chaque nouveau contact ou geste est accompagné d’une pensée : « vais je y arriver sans médicament? ». Je me sens nue, « a poil ». Apeurée, je n’ai plus rien pour me cacher. Je ne sais pas comment mon corps va réagir, mes émotions vont arrivées.
Toujours prudente, je me fais accompagnée par une psychothérapeute Gestaltiste. J’apprends à accueillir mes émotions, à les montrer, à ne pas me juger. Mon conjoint est touché par ce changement chez moi. Il se dit que je vais mal. Je lui explique qu’il n’en n’est rien. Je ne vais pas plus mal qu’avant: je montre juste ce que j’ai longtemps caché. Petit a petit j’apprends à vivre sans.
Vivre avec mes émotions
Je revois les personnes de mon entourage qui ne m’ont connue qu’avec les médicaments. À chaque fois, c’est un challenge pour moi. L’émotion est très forte alors je leur explique quand cela est possible. Lors de mon premier weekend de formation à l’école Gestaltiste, cela a été très dur. J’étais totalement pétrifiée, prise d’angoisse. Tremblements, souffle court, mémoire courte, réflexion compliquée, peur omniprésente. J’ai appris que je pouvais, lorsque cela m’était vraiment compliquée, m’autoriser à reprendre un médicament pour me soulager. C’est a moi maintenant de doser.
Aujourd’hui rien n’est encore facile. Je perds parfois espoir de voir disparaitre mes angoisses. J’ai arrêté la phytothérapie. J’appréhende de reprendre un travail sans. Je me sens moins stressée quand j’accepte de ne pas y arriver. Mais je sais que cette émotion si forte aujourd’hui et que je peine a contrôler, un jour va s’apaiser et que je saurai mieux la gérer. J’accepte donc aujourd’hui de vivre ce que je vis en essayant de ne pas trop me juger. Et le jour ou je serai prête j’irai travailler.
Chapeau !! Quel courage ! J’imagine qu’il t’en a fallu pour lancer ce site… En tous cas, ce site, c’est bien toi, il n’y a pas tromperie sur la marchandise 😉 Continues, je pense aussi que tu es sur la bonne voie, en tous cas, tu t’en donnes les moyens ! Je t’aime fort
Bravo, devrais-je dire encore mieux BRAVO… La réflexion, l’écriture, le choix des mots comment ne pas être fière de toi…aucun doute Emeline, tu avances et à grands pas…. Toute notre vie on apprend à se connaître et à s’aimer….Et toutes les montagnes tu les montent….tu ne déplaceras pas les montagnes mais maintenant tu sais que tu les vas toutes les gravire..( angoisse, prise de médicaments, quitter un boulot…) Il y a de quoi être fière de toi… regarde tout le chemin parcouru…
Encore BRAVO ….
Bravo pour ce grand pas, je l’ai fait également, ce n’est plus normal quand le travail nous rend malade… La société actuelle veut nous transformer en machines mais notre côté humain reprend le dessus.
Merci 🙂 Oui les émotions n’ont pas beaucoup, voir pas de place, dans le monde du travail… Mais j’ai la sensation que les choses sont en train de changer doucement. J’ai besoin d’être optimiste. 🙂