J’ai osé… me rendre sur la tombe de ma maman

Ma maman est décédée. Elle avait 39 ans. J’en avais 11. Et depuis, je n’ai jamais ressenti le besoin de me rendre sur sa tombe. Au cimetière, je ne me sens pas particulièrement près d’elle. J’ai toujours préféré lui parler en regardant le ciel. M’imaginer que d’une manière ou d’une autre, elle était en vie. Transformée en étoile ou en nuage et non immobile. Difficile d’accepter l’idée qu’elle est sous une pierre, enterrée. Pour oublier ce drame, j’ai préféré tourner la page. Ne pas commémorer sa mort. Eviter cet endroit et regarder devant moi.

Parce qu’il faut dire ce qui est : quoi de plus glauque qu’un cimetière ? Pour moi c’est le lieu où sont concentrées toutes les émotions négatives. La douleur, la souffrance, la tristesse, la peur. On n’y crée que de mauvais souvenirs. Des moments que l’on préfère oublier ou croire que l’on n’a pas vécu. S’y rendre à chaque anniversaire, pour moi c’était trop dur. Bien sûr la vie m’a amenée à y retourner. Mais je n’ai jamais ressenti l’envie de m’y rendre pour m’y recueillir.

Cette année, pour la Toussaint, j’en ai éprouvé le besoin. Je ne sais pas vraiment l’expliquer. L’envie de lui donner une place. De faire exister ma maman. Lui dire que je l’aime. Que malgré son absence, elle est toujours présente. Je suis sa fille. Aujourd’hui j’arrive a accepter qu’elle soit partie. J’ai une immense gratitude à son égard. C’est elle qui m’a donnée la vie.

Une fois l’heure arrivée, j’ai failli me débiner. Heureusement mon compagnon, à sa façon, m’a portée, et a tout mis en place, pour que je puisse y aller. Le long de la route, j’ai acheté des fleurs et il m’a déposée devant les grilles. Dès l’entrée du cimetière franchie, remonte tout un tas de souvenirs. Je marche dans l’allée, et les larmes apparaissent. C’est fou comme le cerveau, le corps, n’oublient pas. Ce jour là. La cérémonie. Ce jour ou enfant, tous les regards étaient posés sur mon père, mes soeurs et moi. Ces regards de pitié que je n’ai jamais oublié. Être le centre d’attention, le croisement de tous ces yeux vides, tristes et embués.

J’avance près de sa tombe et je suis agréablement surprise de voir que d’autres personnes sont passées avant moi. Sa tombe est fleurie. La famille, des amis se sont déplacés pour lui témoigner leur amour, leur amitié. Je suis contente, comme soulagée. De savoir qu’eux non plus ne l’ont pas oubliée. Et qu’encore aujourd’hui, ils ont une pensée pour elle.

Je lui dépose des fleurs. Je m’agenouille et je pleure. De tristesse, de regret. De ne pas être venue plus souvent. J’accepte qu’elle ait été et ne soit plus. C’était ma maman, certes trop peu de temps. Mais elle aussi a sourit, dansé, parlé, rêvé. J’ai envie d’y retourner maintenant. Non pas pour me souvenir de sa mort mais pour honorer sa vie. Maman, merci.

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J’ai osé… me rendre sur la tombe de ma maman

10 commentaires sur “J’ai osé… me rendre sur la tombe de ma maman

  1. Que c’est beau et émouvant.
    C’est étrange j’ai toujours vu les cimetières comme des endroits apaisants. J’aime m’y recueillir.
    Peut-être que le moment était venu pour toi de passer ce cap.

    1. Merci Marie. Oui très probablement un changement dans la perception de mon histoire et du coup de mon environnement. Merci pour ce partage 🙂

  2. Ca y est, tu as intégré la plus belle leçon : faire d’un endroit que l’on croit cerné par la négativité et la douleur, un lieu de célébration et de fête.

  3. Bonjour Emeline,
    Je suis très touchée.
    Contente pour vous que vous ayez pu vous reconnecter à votre maman, et donc aussi au BON de votre maman.
    Bien chaleureusement,
    Isabelle

  4. Oui, c’est très difficile de perdre sa maman et il faut du temps pour « cicatriser » autant que l’on puisse cicatriser… Ce qui m’a aidée pour ma part est la lecture d' »Un souffle vers l’éternité » de Patricia Darré. Cette lecture m’a apaisée me faisant entrevoir, même si c’est sans certitude absolue bien sûr, qu’il y a un ailleurs et que l’on y est bien. Tu es sur le bon chemin et ton récit est extrêmement émouvant.

    1. Un grand merci pour ton partage Je ne connaissais pas ce livre Je me dis que je porte un peu de ma maman en moi Elle est donc toujours un peu la Bonne route a toi et plein de courage Et encore merci pour ce gentil message 🙂

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